• Jeudi 3 Novembre : Cordoue - Cerro Muriano – 18km • Première étape de cette longue marche qui me fera faire un peu plus de 1000 km depuis Cordoue jusqu’à Compostelle en 42 étapes. Ma fille Juliette, qui étudie un peu plus au Sud à Jaen est avec moi depuis hier à Cordoue, nous visitons la mosquée-cathédrale, puis les jardins de l’Alcazar et elle m’accompagne jusqu’à mon point de départ. Le point où elle s’en ira de son côté et moi du mien, seul avec mon sac à dos à marcher pour une durée pour l’instant inconnue. Je suis ému par ce départ, je lui confie que ce que je crains le plus, c’est de me retrouver seul le soir dans les auberges, ce qui semble la surprendre. Nous nous embrassons longuement, elle m’encourage, me souhaite le meilleur, puis je pars, portable à la main pour m’orienter en ville et trouver mon chemin. Je me perds plusieurs fois, heureusement le site mappy.cz me permet à chaque fois de retrouver ma route. La marche se passe très facilement. Parti à 10h, je suis déjà à Cierro Murano pour 15h. Je traverse de beaux paysages de causses, je rencontre des troupeaux de moutons et de chèvres, je m’arrête au milieu d’enfants d’une école qui jouent au foot avec un vieux ballon crevé au milieu de nulle part sur un terrain vague. Soleil sans qu’il n’y en ait trop. Fatigue : juste ce qu’il faut. Je prends un bon repas à 16h à l’auberge, malgré le picnic avalé un peu après midi. Je décide de partager ce chemin en le dédiant à mon fils Batiste, décédé en 2010 à l’âge de 22 ans, qui aurait fêté ses 35 ans aujourd’hui. Je poste quelque chose sur Facebook en ce sens et je reçois beaucoup de retours et de soutiens spontanés. Je ne suis pas seul et même impressionné par tous ces soutiens. J’ai un long échange le soir avec le patron de l’auberge qui me dessine au dos d’une enveloppe mes prochaines étapes en m’indiquant les km, les points d’eau, de ravitaillement. Il est à son aise, il aime soutenir les pèlerins et moi je redécouvre ma capacité à parler espagnol. Je ne me couche pas trop tard après un diner presque frugal vu le déjeuner de 16h. • Vendredi 4 novembre : Cierro Muriano – Villaharta – 21 km • 2ème étape sans grande difficulté. Je suis à Villaharta un peu avant 13h pour récupérer les clefs à la mairie, je suis parti ce matin à 8h. Le gite communal, flambant neuf est parfait, il dispose même d’un lave-linge et d’un sèche-linge mis à disposition gratuitement. J’ai traversé un camp militaire ce matin et c’était beau de voir tous ces militaires faire leur footing du matin. On maintient son corps en bon état dans ces métiers. Croiser ces lieux m’a fait penser au CEA à qui je n’ai pas répondu pour le nouvel appel d’offre. Ca reste un de mes plus beaux accompagnements d’équipe en tandem avec mon amie Isabelle. Hier c’était l’idée de créer un réseau de facilitateurs au sein des chambres d’agriculture qui me titillait. Aujourd’hui c’était comment continuer à accompagner l’émergence de valeurs communes chez ce client de Grenoble, qui m’accompagnait. Le travail n’est pas loin, même si je marche et prend plaisir à marcher ! Demain grosse étape : 33 / 35 / 38 ? J’espère que mes genoux tiendront. Le reste va très bien merci la vie. • Samedi 5 Novembre : Villaharta – Alcabaceros : 35 km • Grosse étape de 35 km aujourd’hui. Très beaux paysages, loin des routes en pleine Sierra. Belle rencontre avec Miguel qui entretient et balise ce chemin depuis 2 ans après une opération du cœur. Il fait un superbe travail et nous avons eu de beaux échanges en marchant… puis il y a eu cet arrêt improbable où j’ai été accueilli par un autre Miguel, sa femme Maria et leurs amis pour un picnic au milieu de nulle part à 4 km de l’arrivée. Une vraie gentillesse et un vrai désir de partage. La marche a été longue aujourd’hui, je suis content qu’elle soit plus courte demain. Dimanche 6 Novembre : Alcabaceros – Hinojosa del Duque : 22 km Journée très facile de 22 km sur un chemin quasi plat. J’ai traversé beaucoup de terres agricoles avec des chênes rabougris au milieu de vastes étendues labourées donnant un caractère désertique à la région. Et pourtant les semis lèvent dans ces terres desséchées. Belles rencontres ce matin, avec cet homme de 77 ans qui marchait dans son village et était content de me voir marcher sur Compostelle, puis cet autre homme qui a fait demi-tour pour me montrer la route et enfin ce dernier qui m’a ramené après diner à mon hôtel en 4*4. Je suis touché par cette gentillesse. Je lance mon groupe Whatt’s App dans la soirée pour partager chaque jour un peu de mon aventure : « Je viens de créer ce groupe dans le but de partager des nouvelles de temps à autre du chemin que je viens de débuter au départ de Cordoue et qui devrait m’amener vers Compostelle mi-décembre. J’ai longuement hésité à le faire, tant j’étais partagé entre l’idée de vous partager cette expérience et l’envie de ne pas inonder vos boîtes de messages quotidiens. Je vais donc en revenir au tout début. Pour celles et ceux qui ne le savent pas encore, j’ai débuté une marche depuis Cordoue vers Compostelle que je dédie à mon fils Batiste, une façon pour moi aussi d’honorer la vie. Je vous ai invité à être dans ce groupe car vous êtes cher à mon cœur, mais vous n’êtes aucunement obligé d’accepter mon invitation. Pour le respect de chacun, je vous demanderai de ne pas poster vous de message mais de me répondre si vous le souhaitez en direct sans passer par ce groupe pour ne pas inonder chacun de messages. Et moi-même je partagerai l’essentiel avec vous, soit au maximum un message par jour, toujours dans l’idée de respecter chacun » Ce premier message me vaut beaucoup de retours spontanés de personnes contentes et honorées de faire partie du voyage. Certains m’écrivent en direct, d’autres répondent via le groupe. Il faudra plusieurs jours de rappel des consignes pour que les règles de non envoi de message via ce groupe soient respectées. J’ai associé 66 personnes dans ce groupe, je n’ose imaginer ce que ça serait si chacun met son commentaire tous les jours, ça deviendrait vite insupportable. J’ai lancé ce groupe, je suis content de l’avoir fait, je ne sais pas encore combien il sera précieux pour moi dans ces prochaines semaines où je partagerai de plus en plus de choses avec eux. Lundi 7 Novembre : Hinojosa del Duque – Monterrubio – 33 km Très facile au début, épuisant à la fin avec ces 8 derniers km au bord de la nationale sur une série de lignes droites qui n’en finissaient pas. Dur de vivre la beauté au bord de cette nationale, mais la chanson 1km à pied, ça use, ça use… m’a beaucoup soutenu. Pour le reste, zone très rurale avec beaucoup de fermes, des champs avec des chênes verts, mais aussi des champs d’oliviers et même des plantations de pistachiers. Dur de dormir la nuit dernière, tellement j’étais porté par ce que je voulais partager via ce groupe Whatts’App. Voici le contenu de mon post du jour : « Tout d’abord merci pour tous vos témoignages de soutien et d’amitié. Pourquoi cette marche ? Disons que même si j’adore mon métier et qu’il fait sens pour moi, je ressentais depuis un petit moment déjà l’envie de faire une pause pour questionner mes choix ! Quand on est salarié, il arrive un moment où on nous dit « Bonne retraite ». Quand on est à son compte et qu’on fait un boulot passionnant, personne n’est là pour dire stop. Donc besoin de faire une pause et une vraie envie de repartir une nouvelle fois pour un cheminement sur un des chemins de Compostelle que je ne connaissais pas. Et j’avoue que je ne suis pas déçu ! À côté de cela j’ai découvert l’an passé grâce à la formation de mon ami Omid sur le Coaching Existentiel les travaux de Dominique Lussan. Une femme incroyable qui a passé plus de 20 ans à étudier nos fonctionnements humains. Et Dominique en est venue à mettre en exergue ce qu’elle appelle nos États d’Etre. Traduisez par-là, nos façons d’être au monde. On peut à certains moments ressentir de la joie, de la plénitude, être ému par la beauté, être émerveillé, avoir du discernement…, mais aussi être triste, ressentir de la rancoeur, de la colère… et la liste est longue. Parmi ces états d’être positifs, il y a ceux qui sont naturellement là chez nous, que l’on connecte le plus facilement quand ça va bien. Dominique parle d’Essences et elle va même jusqu’à nous expliquer que si nous cultivions ces essences, la vie serait plus facile, les choses plus aisées, nous élèverions notre niveau de conscience pour ressentir et percevoir les choses qui nous arrivent totalement autrement. Et c’est donc ces essences, mes essences que j’ai décidé de cultiver durant cette marche. Jardiner la Beauté, l’Emerveillement, rayonner la Joie… Et quoi de mieux que de le faire en marchant , normal c’est ma piscine à moi ! On n’apprend pas à nager dans une mer froide et en furie. Alors cultiver cela en marchant si on aime la marche, c’est peut-être un moyen pour les installer un peu plus encore dans mon quotidien. Donc chaque matin après avoir réveillé le pèlerin par quelques étirements et quelques postures de Qi Qong, je pose clairement l’intention de marcher dans la beauté et la joie et de m’émerveiller. Et ça marche ! Déjà 5 jours de marche et je suis émerveillé par toutes ces rencontres, ces gens qui m’invitent à pique-niquer avec eux, qui s’arrêtent en voiture pour me proposer de m’amener à destination… Bref comme vous l’aurez compris cette marche est une cure de beauté. Je suis dans ma piscine, à chacun la sienne ! Portez-vous bien 👍🏿 Avant de vous quitter pour aujourd’hui, une photo : mon plus beau cadeau avant de débuter cette marche à Cordoue De Cordoue à Compostelle : |