HERVÉ LOUF
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March 10th, 2023

3/10/2023

 
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• Jeudi 3 Novembre : Cordoue - Cerro Muriano – 18km •
 Première étape de cette longue marche
qui me fera faire un peu plus de 1000 km depuis Cordoue jusqu’à Compostelle en 42 étapes. Ma fille Juliette, qui étudie un peu plus au Sud à Jaen est avec moi depuis hier à Cordoue, nous visitons la mosquée-cathédrale, puis les jardins de l’Alcazar et elle m’accompagne jusqu’à mon point de départ. Le point où elle s’en ira de son côté et moi du mien, seul avec mon sac à dos à marcher pour une durée pour l’instant inconnue. Je suis ému par ce départ, je lui confie que ce que je crains le plus, c’est de me retrouver seul le soir dans les auberges, ce qui semble la surprendre. Nous nous embrassons longuement, elle m’encourage, me souhaite le meilleur, puis je pars, portable à la main pour m’orienter en ville et trouver mon chemin. Je me perds plusieurs fois, heureusement le site mappy.cz me permet à chaque fois de retrouver ma route. La marche se passe très facilement. Parti à 10h, je suis déjà à Cierro Murano pour 15h. Je traverse de beaux paysages de causses, je rencontre des troupeaux de moutons et de chèvres, je m’arrête au milieu d’enfants d’une école qui jouent au foot avec un vieux ballon crevé au milieu de nulle part sur un terrain vague. Soleil sans qu’il n’y en ait trop. Fatigue : juste ce qu’il faut. Je prends un bon repas à 16h à l’auberge, malgré le picnic avalé un peu après midi. Je décide de partager ce chemin en le dédiant à mon fils Batiste, décédé en 2010 à l’âge de 22 ans, qui aurait fêté ses 35 ans aujourd’hui. Je poste quelque chose sur Facebook en ce sens et je reçois beaucoup de retours et de soutiens spontanés. Je ne suis pas seul et même impressionné par tous ces soutiens.
J’ai un long échange le soir avec le patron de l’auberge qui me dessine au dos d’une enveloppe mes prochaines étapes en m’indiquant les km, les points d’eau, de ravitaillement. Il est à son aise, il aime soutenir les pèlerins et moi je redécouvre ma capacité à parler espagnol. Je ne me couche pas trop tard après un diner presque frugal vu le déjeuner de 16h.

 
• Vendredi 4 novembre : Cierro Muriano – Villaharta – 21 km •

 2ème étape sans grande difficulté.
Je suis à Villaharta un peu avant 13h pour récupérer les clefs à la mairie, je suis parti ce matin à 8h. Le gite communal, flambant neuf est parfait, il dispose même d’un lave-linge et d’un sèche-linge mis à disposition gratuitement. J’ai traversé un camp militaire ce matin et c’était beau de voir tous ces militaires faire leur footing du matin. On maintient son corps en bon état dans ces métiers. Croiser ces lieux m’a fait penser au CEA à qui je n’ai pas répondu pour le nouvel appel d’offre. Ca reste un de mes plus beaux accompagnements d’équipe en tandem avec mon amie Isabelle. Hier c’était l’idée de créer un réseau de facilitateurs au sein des chambres d’agriculture qui me titillait. Aujourd’hui c’était comment continuer à accompagner l’émergence de valeurs communes chez ce client de Grenoble, qui m’accompagnait. Le travail n’est pas loin, même si je marche et prend plaisir à marcher !
Demain grosse étape : 33 / 35 / 38 ? J’espère que mes genoux tiendront. Le reste va très bien merci la vie.

 
• Samedi 5 Novembre : Villaharta – Alcabaceros : 35 km •
Grosse étape de 35 km aujourd’hui.
Très beaux paysages, loin des routes en pleine Sierra. Belle rencontre avec Miguel qui entretient et balise ce chemin depuis 2 ans après une opération du cœur. Il fait un superbe travail et nous avons eu de beaux échanges en marchant… puis il y a eu cet arrêt improbable où j’ai été accueilli par un autre Miguel, sa femme Maria et leurs amis pour un picnic au milieu de nulle part à 4 km de l’arrivée. Une vraie gentillesse et un vrai désir de partage. La marche a été longue aujourd’hui, je suis content qu’elle soit plus courte demain.

 
Dimanche 6 Novembre : Alcabaceros – Hinojosa del Duque : 22 km
 Journée très facile de 22 km
sur un chemin quasi plat. J’ai traversé beaucoup de terres agricoles avec des chênes rabougris au milieu de vastes étendues labourées donnant un caractère désertique à la région. Et pourtant les semis lèvent dans ces terres desséchées. Belles rencontres ce matin, avec cet homme de 77 ans qui marchait dans son village et était content de me voir marcher sur Compostelle, puis cet autre homme qui a fait demi-tour pour me montrer la route et enfin ce dernier qui m’a ramené après diner à mon hôtel en 4*4. Je suis touché par cette gentillesse.

 
Je lance mon groupe Whatt’s App dans la soirée pour partager chaque jour un peu de mon aventure :
 « Je viens de créer ce groupe dans le but de partager des nouvelles de temps à autre du chemin que je viens de débuter au départ de Cordoue et qui devrait m’amener vers Compostelle mi-décembre. J’ai longuement hésité à le faire, tant j’étais partagé entre l’idée de vous partager cette expérience et l’envie de ne pas inonder vos boîtes de messages quotidiens. Je vais donc en revenir au tout début. Pour celles et ceux qui ne le savent pas encore, j’ai débuté une marche depuis Cordoue vers Compostelle que je dédie à mon fils Batiste, une façon pour moi aussi d’honorer la vie. Je vous ai invité à être dans ce groupe car vous êtes cher à mon cœur, mais vous n’êtes aucunement obligé d’accepter mon invitation. 
Pour le respect de chacun, je vous demanderai de ne pas poster vous de message mais de me répondre si vous le souhaitez en direct sans passer par ce groupe pour ne pas inonder chacun de messages. Et moi-même je partagerai l’essentiel avec vous, soit au maximum un message par jour, toujours dans l’idée de respecter chacun »

 Ce premier message me vaut beaucoup de retours spontanés de personnes contentes et honorées de faire partie du voyage. Certains m’écrivent en direct, d’autres répondent via le groupe. Il faudra plusieurs jours de rappel des consignes pour que les règles de non envoi de message via ce groupe soient respectées. J’ai associé 66 personnes dans ce groupe, je n’ose imaginer ce que ça serait si chacun met son commentaire tous les jours, ça deviendrait vite insupportable. J’ai lancé ce groupe, je suis content de l’avoir fait, je ne sais pas encore combien il sera précieux pour moi dans ces prochaines semaines où je partagerai de plus en plus de choses avec eux.

 
Lundi 7 Novembre :
Hinojosa del Duque – Monterrubio – 33 km

 Très facile au début, épuisant à la fin
avec ces 8 derniers km au bord de la nationale sur une série de lignes droites qui n’en finissaient pas. Dur de vivre la beauté au bord de cette nationale, mais la chanson 1km à pied, ça use, ça use… m’a beaucoup soutenu. Pour le reste, zone très rurale avec beaucoup de fermes, des champs avec des chênes verts, mais aussi des champs d’oliviers et même des plantations de pistachiers. Dur de dormir la nuit dernière, tellement j’étais porté par ce que je voulais partager via ce groupe Whatts’App.
 
Voici le contenu de mon post du jour :
 « Tout d’abord merci pour tous vos témoignages de soutien et d’amitié. 
Pourquoi cette marche ? 
Disons que même si j’adore mon métier et qu’il fait sens pour moi, je ressentais depuis un petit moment déjà l’envie de faire une pause pour questionner mes choix !
Quand on est salarié, il arrive un moment où on nous dit « Bonne retraite ». Quand on est à son compte et qu’on fait un boulot passionnant, personne n’est là pour dire stop. 
Donc besoin de faire une pause et une vraie envie de repartir une nouvelle fois pour un cheminement sur un des chemins de Compostelle que je ne connaissais pas. Et j’avoue que je ne suis pas déçu !

À côté de cela j’ai découvert l’an passé grâce à la formation de mon ami Omid sur le Coaching Existentiel les travaux de Dominique Lussan. Une femme incroyable qui a passé plus de 20 ans à étudier nos fonctionnements humains. Et Dominique en est venue à mettre en exergue ce qu’elle appelle nos États d’Etre. Traduisez par-là, nos façons d’être au monde. On peut à certains moments ressentir de la joie, de la plénitude, être ému par la beauté, être émerveillé, avoir du discernement…, mais aussi être triste, ressentir de la rancoeur, de la colère… et la liste est longue. 
Parmi ces états d’être positifs, il y a ceux qui sont naturellement là chez nous, que l’on connecte le plus facilement quand ça va bien. Dominique parle d’Essences et elle va même jusqu’à nous expliquer que si nous cultivions ces essences, la vie serait plus facile, les choses plus aisées, nous élèverions notre niveau de conscience pour ressentir et percevoir les choses qui nous arrivent totalement autrement. 
Et c’est donc ces essences, mes essences que j’ai décidé de cultiver durant cette marche. 
Jardiner la Beauté, l’Emerveillement, rayonner la Joie… Et quoi de mieux que de le faire en marchant , normal c’est ma piscine à moi ! On n’apprend pas à nager dans une mer froide et en furie. Alors cultiver cela en marchant si on aime la marche, c’est peut-être un moyen pour les installer un peu plus encore dans mon quotidien. 
Donc chaque matin après avoir réveillé le pèlerin par quelques étirements et quelques postures de Qi Qong, je pose clairement l’intention de marcher dans la beauté et la joie et de m’émerveiller. Et ça marche !

Déjà 5 jours de marche et je suis émerveillé par toutes ces rencontres, ces gens qui m’invitent à pique-niquer avec eux, qui s’arrêtent en voiture pour me proposer de m’amener à destination… 
Bref comme vous l’aurez compris cette marche est une cure de beauté. Je suis dans ma piscine, à chacun la sienne !  
Portez-vous bien
👍🏿 

Avant de vous quitter pour aujourd’hui, une photo : mon plus beau cadeau avant de débuter cette marche à Cordoue

De Cordoue à Compostelle :
itinéraire d’un pèlerin animé par la beauté et l’émerveillement

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 Mon cadeau de départ depuis Cordoue : ma fille Juliette !
Demain, petite étape, j’ai choisi de redécouper les 2 étapes à venir en 3 étapes de taille raisonnable.
Mardi 8 Novembre : Monterrubio – Castuera : 19 km
 Petite étape facile (9h – 13h),
dans des paysages ruraux, avec toujours des chênes verts, mais aussi des oliviers. Toujours autant envie d’écrire et de partager. Une belle rencontre avec Miguel, un espagnol qui parcourt le chemin sur son vélo, en sens retour vers chez lui à Grenade, ça fait 2 mois qu’il est parti, il rentre de Compostelle et m’indique que le beau temps, ce n’est pas gagné à cette époque, pluie et froid m’attendent en remontant vers la Galice. Il me félicite pour mon espagnol et m’invite à parler chaque jour un peu. Il a oublié quel jour on est, il vit dans l’instant présent sur son vélo.

 
Voici mon post du jour :
 « Étape plus courte aujourd’hui et ça fait du bien (19 km)
Pour vous situer le Camino Mozarabe débute à Almeria à 1380 km de Compostelle et passe par Grenade et Cordoue. L’ayant débuté à Cordoue, je devrai faire un peu plus de 1000 km. Ce chemin rejoint la Via de la Plata (chemin de Séville) à Merida puis remonte en passant par Salamanque. 
Mes étapes font entre 18 et 35 km, en fonction des distances entre villages. Je loge soit dans des auberges municipales (8 à 10€) la nuit ou dans des hôtels (18 à 25€). Le chemin est très bien balisé et en dehors des villes où c’est plus compliqué c’est dur de se perdre. Il y a entre 400 et 600 personnes qui empruntent ce chemin tous les ans, contre 15 à 20000 qui démarrent du Puy en Velay et plus de 200 000 de St Jean Pied de Port via le célèbre Camino Francès. Je viens de rencontrer mon premier pèlerin aujourd’hui, un espagnol qui circule en vélo depuis 2 mois et rentre chez lui à Grenade après avoir été à Santiago via Lisbonne. 
Pas une goutte de pluie depuis le début, des champs d’oliviers à perte de vue, mais aussi des cultures de céréales qui poussent sous des chênes verts qui ressemblent à des arbres troncs : agro foresterie avant l’heure ?
Beaucoup d’élevages de moutons, de chèvres et très peu de vaches. 
Mon partage d’hier sur la beauté m’a valu de très beaux retours que je vous partage avec plaisir :
« Découvrir la beauté en nous et autour de nous chaque matin mène droit au cœur. C’est une véritable prière qui nous met en joie pour la journée, nous invite à la gratitude pour tout ce qui est et à contempler également la beauté du chemin parcouru » ;

«  Marcher sur le sentier de la beauté c’est se relier en présence au vent, à la pluie, au croissant de lune, aux arbres, aux fleurs, aux pierres, à la Mère Terre et au cosmos. C’est communiquer en conscience avec le monde animal et les esprits de la nature qui, eux, nous signifient que nous ne sommes jamais seuls…
La beauté vit dans un cœur conscient et s’exprime littéralement par son rayonnement. La beauté ne peut naître que de l’amour.
Souhaitez-vous marcher sur le sentier de la beauté ? Voici une prière magnifique léguée par nos sœurs et frères amérindiens, à dire en conscience le matin…
Sur le sentier de la beauté, je marche
Avec la beauté devant moi, je marche
Avec la beauté derrière moi, je marche
Avec la beauté au-dessus de moi, je marche
Avec la beauté en dessous de moi, je marche
Avec la beauté en moi, je marche
Avec la beauté autour de moi, je marche
Sur le sentier de la beauté, je marche
Sur le sentier de la beauté, nous marchons… »


Merci 🙏🏿 Anne pour ce beau partage. 
Demain nous parlerons de gratitude 🙏🏿
Comme hier, je vous propose de ne pas réagir via ce fil de discussion, écrivez-moi en direct si vous souhaitez partager, je vous répondrai avec grand plaisir. 
Je vous souhaite de joyeuses marches intérieures

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• Mercredi 9 Novembre : Castuera – Magacela : 32 km
 « Clin d’oeil / clin d’yeux"

Changement de temps aujourd’hui, grosse pluie durant la nuit et ciel sombre annonçant de nouveau la pluie ce matin, qui se confirmera une heure plus tard !
Je m’arrête dans un bar avec Miguel, on s’installe pour le petit déjeuner et la télé nous annonce qu’« Aujourd’hui, c’est la journée nationale des morts en Bolivie. Mon fils Batiste est mort en Bolivie il y a 12 ans ! 
Hasard ? Coïncidence ? Synchronicité ? 
Marcher sous la pluie est beaucoup moins drôle que sous le soleil, et contempler la beauté quand il pleut averse et qu’on a les pieds trempés moins facile (lol) 
Est-il venu me dire, pas de souci, je marche avec toi ? 
2 h plus tard, je suis trempé, mais émerge le dicton du jour 
«Journée ensoleillée, pèlerin émerveillé - Temps pluvieux, pèlerin heureux 😀» 
2h plus tard c’est de nouveau le grand beau temps et je termine tranquillement mon étape de 32 km. 
Lytta Basset, théologienne suisse, qui a connu la perte d’un enfant par suicide n’hésite pas à parler de « clin d.i.e.u » dans son dernier livre « Cet au-delà qui nous fait signe - Vivre autrement grâce au lien avec nos défunts « 
Je vous partage sa dernière conférence que m’a transmise Isabelle, la mère de mes enfants
Pour le reste, portez-vous bien. 
Gracias à la vida ….

• Jeudi 10 Novembre : Magacela –Medellin :
25 km

 « Holà Amigos, como estan ? 

Belle étape hier qui m’amène à Medellin, patrie du célèbre Hernan Cortes, qui colonisa le Mexique en son temps. J’ai pu y admirer 20 siècles d’histoire, depuis le magnifique amphithéâtre romain du 1er siècle qui sert toujours pour le festival de musique et théâtre de Merida tous les étés. Retour sur la journée précédente…
J’arrive à Magacela après 32 km dont une partie sous la pluie, un peu fatigué et les affaires encore bien humides.  J’appelle la propriétaire du gîte qui me dit où sont les clefs et m’annonce son passage en soirée. Je lui demande s’il y a restaurant ou une épicerie au village. Oui me répond-elle, mais à l’autre bout du village qui lui est situé sur une colline et son gîte est au pied de la colline, c’est-à-dire à l’opposé !!! Je décide de faire avec ce que j’ai (une boite de harengs fumé) mais rêve d’une bonne soupe chaude que le lui achèterai volontiers, mais n’ose pas la rappeler pour lui en faire la demande. 
La soirée arrive et j’entends : « Holà, holà soy Isabel (et oui, une Isabelle ) et je vois débarquer une magnifique andalouse avec une barquette de lentilles cuisinées maison en cadeau 🎁    Je l’invite à s’asseoir, mais chargée de famille elle décline. 

Pour Philippe Guillemant, un chercheur un peu fou, mais tellement sympathique, le temps linéaire n’existe pas. Nous pouvons à tout moment changer notre futur à partir du moment où nos intentions sont portées par notre moi supérieur ! Entendez par là des pensées ou intentions positives, altruistes, respectueuses des autres, dépourvues des dérives de l’égo, des choses qui viennent du cœur, qui ne sont pas liées à un besoin de posséder, de dominer ou de manipuler, bref vous l’aurez compris, quand nos intentions sont justes et altruistes. Recevoir quelque chose quand on est OK pour en payer le prix en est un exemple, puisqu’il y a respect et considération pour celui qui donne.
Il appelle ça synchronicité, les réponses que notre futur nous envoie, dans le cas présent, c’est la barquette de lentilles qui arrive quand on a émis l’envie de recevoir une soupe en échange d’une juste rémunération ! 

Mais l’histoire ne s’arrête pas là ! Une heure plus tard, je reçois une invitation de sa part sur Facebook. Occasion pour moi de la remercier pour ses lentilles. En quelques clics, je découvre beaucoup sur elle, ses goûts, ses couleurs, ses centres d’intérêt et elle aussi sur le sens de ma marche qu’elle LIKE aussitôt. 
Peut-être que je ne reverrai jamais cette belle andalouse, mais nous continuerons à nous « liker » sur Facebook et peut être nous enverrons nous des ♥️ 
Nous sommes connectés sur la toile… 
Gracias à la vida et à FB ! «

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• Vendredi 11 Novembre : Medellin – San Pedro de Merida : 28 km
 «Ma plus belle rencontre hier a été avec ce grand père de 96 printemps qui rentrait doucement du jardin où il venait de tailler quelques bois. « Tu comprends me dit-il, à mon âge, il faut que je m’entretienne tous les jours un peu ! ». Quand il a su que j’étais pèlerin vers Compostelle, il a attrapé lentement un petit bonbon dans sa poche en me disant c’est très bon pour la gorge, puis il s’est repris et en a attrapé un second ! Quelques heures plus tard, un magnifique Eucalyptus me faisait de l’oeil dans un village voisin ! 
Au fil des jours, je ré apprends à demander mon chemin aux passants que je croise et à apprécier de marcher, même au bord d’une nationale sur le bitume, la marche se fait légère et joyeuse.
Merci de vos présences et de vos soutiens. Aujourd’hui j’arrive à Mérida, là où le chemin Mozarabe rejoint la Via de la Plata, qui vient de Séville. Mérida est une merveilleuse cité romaine que je vais pouvoir découvrir cet après-midi. 
Je vous souhaite une merveilleuse journée 
Gracias à la vida



Celui qui a veillé sur moi la nuit dernière (l’éléphant au-dessus de mon lit !)
 
• Samedi 12 Novembre: San Pedro de Merida – Merida : 16 km
 «Magnifique  journée aujourd’hui que je dédie à mon ami Raphael, mon professeur de beauté. 
J’ai connu Raphael l’année qui a suivi le décès de Batiste et j’ai animé mon premier Forum Ouvert en Bretagne avec lui, puis plein d’autres ensuite. Raphaël nous a quitté subitement en janvier 2021. Quand son épouse Anne m’a dit il y a quelques jours qu’il venait souvent à Merida quand il s’occupait de l’Association des Villes Européennes de Culture, j’ai senti immédiatement que je marcherai avec lui aujourd’hui. 
Raphaël faisait partie de ces personnes capables de voir le beau en toute chose et de l’honorer. Quand je me désolais de voir notre monnaie locale stagnait, il soulignait tout l’aspect pédagogique de notre projet. Quand je flippais à l’idée d’animer un face à face entre EDF et les anti Linky devant une salle remplie de militants il me glissait à l’oreille comment accueillir la parole de chacun. Raphaël tu m’as beaucoup appris et tu m’apprends encore beaucoup. J’ai senti ta présence à mes côtés quand je visitais Merida cette ville extraordinaire, classée au patrimoine de l’UNESCO qui abrite des trésors archéologiques et reçoit tous les étés un festival lyrique dans ce théâtre romain de 6000 places, construit 15 ans avant JC. 

La journée débute ce matin par la rencontre d’une femme à l’entrée d’un village. Nous échangeons quelques mots sur le chemin, la France, l’Espagne 🇪🇸   puis elle me dit « La haut en France vous êtes plus révoltés, nous ici on a le soleil, on se rencontre, on vit ensemble, on est plus dans la rue »
Je médite en chemin sur ces paroles puis arrive à Merida. 
Je visite ces sites archéologiques incroyables et me retrouve en fin d’après-midi sur la grand-place au milieu d’une foule bigarrée qui partage sa passion pour le flamenco. Effectivement on est dehors, on est ensemble et la joie rayonne de partout !
Gracias à la Vida que me a dado tanto.. (ce refrain ne me quitte pas …)
• Dimanche 13 Novembre : Mérida – Alcuescar : 36 km
 « Très belle marche en profondeur hier."

A Merida, j’ai retrouvé l’ambiance pèlerin, nous étions 5 dans le dortoir, ça ronflait, ça toussait durant la nuit, y’avait de la vie. Et à 6h du matin, les premiers téléphones sonnaient déjà. Réveillé comme les autres, je suis parti un peu avant 7h, pensant trouver un bar à côté pour déjeuner, mais tout était fermé. J’ai donc marché de nuit et sans mon assistant Google que j’avais éteint, à l’affût de toutes les marques de peinture jaune qui indiquent le chemin à prendre. Un vrai jeu de piste qui procure la joie à chaque bonne découverte. Je suis arrivé au lever du soleil au bord d’un lac qui servait d’alimentation à la cité romaine de Mérida. 
Puis ma marche s’est faite légère dans des paysages grandioses d’une réserve naturelle. J’ai croisé et recroisé mes amis ronfleurs, nous avons pique-niquer ensemble. L’un d’eux était muni d’un drone pour nous filmer en train d’avancer (drôle d’idée). Cette nuit, j’ai fait escale dans un lieu improbable « La casa de notre dame de la Miséricorde, esclave de Marie et des pauvres » une congrégation créée par un prêtre Galan Barrena, qui après la guerre civile en Espagne a consacré sa vie à accueillir et à venir en aide aux plus pauvres, à travers l’éducation des enfants et le soin aux souffrants. A notre arrivée, un jeune frère de la congrégation nous a fait visiter les lieux en nous immergeant dans cette vie de don et de service. Esclave de Marie et des Pauvres signifie pour eux au service jusqu’au bout, prêt à tout pour venir en aide… ça fait méditer. 
Je vous souhaite une très belle journée. Je vais reprendre ma diète « numérique » pour me donner la joie de nouvelles rencontres et demander mon chemin. 
Gracias à la vida …

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• Lundi 14 Novembre : Alcuescar – Valdesalor : 25,7 km
 « Encore une journée incroyable hier qui débute par un temps de recueillement de contemplation et de prières 🙏🏿 avec les frères de la communauté. Ça vous donne un shoot d’énergie positive pour la journée. Nous ne sommes jamais seuls, c’est certainement ce que je retiens de plus précieux d’hier. 
Il y a quelques années au moment où je débutais dans le coaching, je vais voir mon ami Dominique avec une liste impressionnante de questions. Dominique fait partie de ces êtres précieux qui à partir de votre date et lieu de naissance vous raconte ce que vous êtes venus expérimenter ici-bas. 
Je suis donc face à lui avec toutes mes questions. Et il me regarde avec un large sourire : « Tu cherches à trop bien faire » Il y a une chose que tu dois savoir, le résultat ne t’appartient pas. Quand tu interviens, il y a toi, l’autre (les autres) et puis quelque chose de plus grand, tu peux l’appeler l’Univers, la Source, la Lumière, le Divin, Dieu…, peu importe son nom. Tu as juste à créer les conditions et à laisser faire ensuite…. 
Ton job c’est de te mettre au service de… pour qu’advienne ce qui est juste, Inch Allah, à la grâce de Dieu… dirait-on dans d’autres traditions… 
Depuis, ma préparation quotidienne la plus précieuse avant chaque accompagnement est de placer mon intention d’être au service pour qu’émerge clarté, compréhension mutuelle, partage de ce qui est essentiel pour chacun et co-construction. Je demande à ce que tout ça se passe dans la joie et le plaisir à être et à faire ensemble. Et ensuite je n’ai plus qu’à observer, me réjouir, honorer ce qui vient en me laissant guider de l’intérieur. Ce n’est plus ma tête qui décide, c’est autre chose qui émerge du champ de la rencontre entre ces 3 composantes. 
C’est certainement la chose la plus importante que je vis dans mon métier d’accompagnant, mais par pudeur, peur de déranger, de passer pour un fou…, c’est la seule chose dont je ne parle jamais. Le rendre visible pour que d’autres puissent s’alimenter à la même source est peut-être ce qui m’attend demain ! 

Plus tard dans la matinée je rencontre Jean-Louis, un pèlerin espagnol en bicyclette suite à une opération du genou. Nous échangeons sur nos parcours respectifs. Je lui parle du départ de Batiste et de cette naissance au monde que j’ai vécue depuis et nous continuons chacun de notre côté. 
J’arrive vers midi dans un village à la recherche d’un lieu pour y déjeuner. Après de nombreux A/R la vie m’amène dans un bar qui ouvre pour mon arrivée. J’écris dans mon carnet mes découvertes du jour tout en mangeant mon sandwich. C’est là qu’intervient un autre Jean-Louis (c’est le prénom que lui a donné la patronne du bar). Il s’installe d’abord sur le dos de ma chaise et me tape dans le dos. Je me retourne et discute avec lui. Puis il s’installe sur ma table, je pense qu’il veut finir mon assiette, mais non il attrape mon carnet de son bec à la page ou j’ai écrit : « C’est encore une fois le départ de Batiste et l’accompagnement de Dominique qui m’ont fait prendre conscience de ma place en tant qu’accompagnant, c’est-à-dire au service de ce qui émergera de cette rencontre à 3 où la Source a toute sa place ! « 
Je suis bouche-bé… 
Passez une très belle journée, je sens par avance que la mienne sera belle.
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• Mardi 15 Novembre : Valdesalor – Casar de Caceres : 22 km
« Coucou les Amis, journée très culturelle aujourd’hui avec la visite de Cacères, un petit bijou architectural classé au patrimoine de l’Unesco. La beauté est partout. Très belle exposition sur les 3 génies et amis Miro, Dali et Picasso. Retour de la pluie et arrivée trempé au gîte, mais la présence d’autres pèlerins me réconforte. « Jamais je ne rêve quand je dors, mais seulement quand je suis réveillé » : Miro. Certainement pour profiter pleinement de la beauté de la vie. Belle journée à vous.

• Mercredi 16 Novembre : Casar de Caceres – Canaveral : 33 km
 Encore une grosse étape, mais ça s’est bien passé. Mon intention a été exaucée, ça fait du bien de se retrouver dans une chambre chauffée avec des draps et une couette, ça change tout. Je découvre donc ce matin que l’intention, il ne ma faut pas seulement la poser le matin quand j’ai à accompagner une équipe, mais c’est tout le temps, tous les matins pour vivre pleinement ma journée.

• Jeudi 17 Novembre : Canaveral – Galisto : 28 km
« Coucou les Amis,  Comment allez-vous ? La vie m’a offert 3 compagnons de route : Isidor (Valladolide) Jean François (Avignon) Chantal (Blois) partie seule de Séville pour traverser l’Espagne alors qu’elle ne parle pas un mot d’espagnol. Chacun chemine à son rythme et nous nous retrouvons depuis 3 jours dans les mêmes gîtes le soir, ce qui nous vaut de chouettes échanges comme celui-ci.
Chantal nous dit que lorsqu’elle est perdue, elle fait appel à la providence qui 2 fois de suite lui met des personnes sur sa route pour la remettre sur le chemin. La 3ème fois, personne en vue et c’est là que les nuages se sont alignés pour dessiner une magnifique flèche blanche (les chemins sont ici balises avec de grandes flèches jaunes) dans le ciel. Et elle nous montre les photos qu’elle a prises. J-F et moi on y croit, Isodor ne veut pas y croire, tout ceci n’est que coïncidence pour lui ! Coïncidence ou synchronicité ? 
Depuis 3 jours, le temps a changé et c’est vraiment la pluie qui s’invite au quotidien. Très réticent au départ (mes chaussures ne sont pas vraiment étanches) je l’accepte de mieux en mieux. Nos marches sont longues car il y a peu de villages et donc peu d’auberges dans cette zone. Elles n’en sont que plus fertiles… 
Gracias à la Vida… - Hasta luego amigos  - Portez vous bien 👍🏿 »

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• Vendredi 18 Novembre : Galisto – Oliva de Plasencia : 28 km
 « 6h26 ça s’excite dans le dortoir. Le pèlerin se lève tôt. Les téléphones sont déjà ouverts et ça commente la météo du jour, il doit pleuvoir jusqu’à 10h ce matin. J-F veut rester au gîte jusqu’à 10h, les autres hésitent. Finalement tout le monde sort à 8h et pas un nuage en vue. Merci à nos petites machines que nous pianotons du bout des doigts ! Que ferions-nous sans vous ? 
Trois heures plus tard, nous sommes dans des paysages fabuleux au milieu de rochers, d’arbres et d’herbe fraîche, mais plus aucune flèche jaune en vue. C’est alors que nous rallumons nos machines qui nous indiquent que ça fait bien longtemps que nous avons quitté le chemin. S’en suit une semi course d’orientation au milieu des vaches des arbres et des rochers pour retrouver le chemin que nous devions prendre. Merci nos petites machines que nous pianotons du bout des doigts. Que ferions-nous sans vous ? 
A 15h, nous arrivons à destination, nous avons avalé nos 28 km quotidiens, c’est l’heure de la douche, suivie du repas (on mange tard en Espagne) avant une petite sieste réparatrice. C’est dur la vie de pèlerin (lol) !
Le soleil fait du bien et c’est vrai que c’est plus facile de contempler la beauté des lieux sous un grand soleil que sous la pluie ! 
Tous les jours Isidor nous invite au rituel de la photo collective. Ça le met en joie de nous photographier ! 
Gracias à la vida »

• Samedi 19 Novembre : Oliva de Plasencia / Aldenueva del Camino : 28km
 « Nous avons perdu Chantal hier, tout comme nous elle s’est trompée de chemin et en plus son téléphone n’avait plus de batterie. La providence a mis sur son chemin une espagnole qui l’a accueillie chez elle pour la nuit. 6 degrés ce matin, ce n’est pas un temps à mettre un pèlerin dehors ! Et pourtant tous les matins le pèlerin repart !
Qu’est ce qui fait marcher le pèlerin ? 
Grande question. Le fait est qu’inscrit dans cette aventure, l’envie ou le besoin de marcher prévaut souvent sur le reste. Qu’il pleuve, vente, fasse soleil, qu’il ait mal aux pieds, aux genoux…, peu importe, la soif d’être dehors et d’avancer le tiraille et le fait se lever. Et quand il arrive à l’étape, encore un peu plus fatigué qu’hier, une part de lui sait qu’il repartira demain ou au plus tard après demain. C’est ça aussi la magie du chemin. 
Paysages magnifiques encore aujourd’hui, nous marchons dans la beauté 
Gracias à la vida »

• Dimanche 20 Novembre : Aldenueva del Camino – La Calzada de Béjar :  22 km
Encore une journée très riche. 

7h ce matin, le dortoir s’étire et peine à sortir du 😴 sommeil. Est-ce parce que c’est dimanche. Chantal est forfait pour cause de tendinite au pied et moi je me pose plein de questions. Je suis arrivé épuisé hier après-midi et ma journée de pause prévue dans 3 jours à Salamanque me semble loin. 

J’y vais ou j’y vais pas ? 

Après 45 min de médiation entre les parts de moi, je finis par me lever et rejoins mes petits camarades qui terminent leur petit déjeuner. Je ne sais pas encore si j’y vais, mais ça en prend le chemin. 
Remettre les chaussures avec cette grosse ampoule à l’arrière du pied droit n’est pas facile. C’est bien là le problème. 
Je décide donc de marcher doucement et constate que ça marche (lol). Dès que j’accélère la douleur s’intensifie, dès que je ralentis, elle s’atténue. Elle est donc là pour m’aider à réguler ma marche.  
S’en suis une journée d’un pas plus lent ou moins préoccupé par la distance parcourue vs à parcourir, je prends le temps de sa
vourer chaque pas qui ne me fait pas mal. Et tout s’en suit, je retrouve le plaisir à échanger avec les passants dans la rue, à lire les panneaux indicateurs sur mon chemin, à prendre des photos. Les Km s’enchaînent sans que je les calcule. Je suis dans l’instant présent et j’arrive au gîte même pas fatigué après cette petite étape de 22 km. 
Combien de fois avançons-nous en mode mental ?
Ça me rappelle un accompagnement en coaching en marchant. Lors d’une séance quotidienne un client me demande de l’aider à comprendre pourquoi il se décourage et change systématiquement de projet sans se laisser la chance de réussir. Nous débutons la séance à Monistrol d’Allier au bord de la rivière et nous avons un dénivelé de 300 m sur 1,5 km qui nous attend. Quand il marche en étant concentré sur chaque pas, il avance tranquillement mais sûrement, dès qu’il lève la tête pour voir ce qu’il lui reste à gravir, il se décourage, croit qu’il ne va pas y arriver et ralentit aussitôt. Pas besoin de long discours, le simple fait de constater que de se réjouir de chaque avancée vaut mieux que de se projeter sur ce qu’il n’a pas encore fait lui suffit, il fait de suite le parallèle avec la situation qu’il souhaitait traiter ! 
Rester dans l’instant présent, me réjouir de chaque pas, contempler la beauté des lieux traversés sur ces chemins qui s’élèvent de jour en jour. Merci mon « ampoule », tu éclaires un peu plus chaque jour mon chemin. 
Gracias à la vida

Lundi 21 Novembre : La calzada de Béjar – Fuenterroble : 20 km
Petite étape aujourd’hui mais avec beaucoup de pluie.
Ça démarre plutôt bien sous un ciel nuageux, puis la pluie s’installe avant notre pause au bar au coin d’un feu de bois. Je parle de la prière amérindienne sur la beauté à mon ami Isidor qui chemine avec moi. Aussitôt il veut la voir et la traduit en espagnol pour la partager avec ses amis. Isidor est la joie de vivre incarnée, son essence de joie rayonne de partout. Tous les matins nous avons droit à la séance de photo, nous photographier le faire rire et le met en joie !
La pluie redouble d’intensité, ce n’est plus le moment de mettre un pèlerin dehors. On se retrouve tous les deux sous un abri bus à partager nos vies. Puis je profite d’une accalmie pour tenter une échappée vers un bar censé être proche de notre abri. Hélas il est fermé, je passe devant un bâtiment éclairé qui me paraît être la mairie. Je tente ma chance et me retrouve dans une salle de classe. Le type de classe unique pour les 5 enfants du village qui ouvrent des yeux écarquillés face à ce pèlerin venu de nulle part. La professeure d’anglais est adorable, elle nous propose de nous mettre au chaud et au sec et invite ses élèves à parler avec nous… 
Isidor n’a qu’une idée en tête, rejoindre l’auberge en taxi. Il nous commande un taxi. Je laisse faire, puis me ravise, je préfère marcher jusqu’au bout. Je ne suis pas venu ici pour prendre un taxi parce qu’il pleut. Nous saluons maîtresse et élèves et je repars de mon côté sous un ciel qui s’éclaire, les nuages s’écartent, je vais pouvoir faire tranquillement les 8 km qu’il me reste. 
Ce soir nous sommes chez le père Blas, un padre qui accueille les pèlerins dans son presbytère auberge. Nous sommes accueillis par un hospitalier de Namur avec un bon feu de bois dans la cheminée. 

Repas en commun ce soir. C’est quoi le bonheur nous disait ce poète wallon Julos Beaucarne ?  C’est quand les coudes se touchent autour de la soupière qui fume ! 
Gracias à la vida
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• Mardi 22 Novembre : Fuenterroble – San Pedro : 30 km
Vous vous rappelez de Chantal la Pèlerine qui fait appel à la Providence. Nous l’avons laissée à l’auberge dimanche matin pour qu’elle repose ses pieds douloureux. Ce matin, elle nous dit qu’elle s’est présentée chez un médecin dans un tout petit village et la Providence lui a envoyé une personne qui travaillait à côté et s’est occupée d’elle toute la journée, a traduit la consultation (Chantal ne parle pas un mot d’espagnol) l’a amenée faire les soins ensuite chez l’infirmière…
Rentrée au gîte, elle partage sur FB sa mésaventure, le fait d’être immobilisée 3 jours minimum voir plus… et 2h plus tard une personne se présente via Messenger et lui propose un soin à distance pour son pied et son pied seulement en lui indiquant qu’elle traverse une phase compliquée dans sa vie qui l’empêche aujourd’hui d’avancer ! Chantal venait de nous confier samedi soir que son fils et sa belle-fille séparés depuis peu étaient en plein conflit concernant la garde de leurs enfants et que la petite de 5 ans ne voulait plus revenir chez sa mère après ce dernier week-end avec son père. Cette situation affecte bien sûr là grand-mère Chantal qui se sent totalement impuissante face à ça. Encore une coïncidence me direz-vous ? 
Est-ce le fait de marcher seul (e) qui nous fait les voir, nous rend plus sensibles. Sont-elles présentes de la même façon dans nos quotidiens sans qu’on n’y fasse attention ?
Ça me parait évident que la connexion au Grand Tout me semble plus facile quand on chemine dans la nature, qui plus est sur un chemin comme celui de Compostelle. 
Le sentiment d’être accompagné (s) à chaque instant nous habite plus facilement. 
Hier chez le Père Blast, je suis reçu par un hospitalier de Namur, ça fait 1 mois que cet homme qui ne parlait pas un mot d’espagnol est arrivé pour prendre soin tous les jours des pèlerins de passage. Et il en a accueilli 220. Il me propose de remplir avec moi le formulaire d’accueil : nom, prénom, nationalité, ville de départ, ville d’arrivée projetée … raisons de cette marche : sportive, sentimentale, religieuse, spirituelle… Je lui réponds que je marche pour célébrer la Beauté de la Vie. Il me regarde et coche ✔️ spirituel… 
Je le tutoie spontanément, il m’explique qu’il a grandi dans un milieu où le « Vous » était de rigueur, je lui réponds qu’au contraire chez moi, dans mon village des Flandres françaises, de l’autre côté de la frontière c’était le Tu qui était de rigueur. Je conclus que nous sommes chacun le fruit de nos éducations. Il me regarde, visiblement touché et me remercie. L’après-midi, il nous fera visiter l’église du village et nous donnera plein de conseils pour la marche d’aujourd’hui où nous avons passé un premier pic battu par les vents à 1170 m avec une température de 4•. Froid à l’extérieur mais chaud dans les cœurs. Nous sommes de nouveau 4 avec l’arrivée de Jonathan de Barcelone hier. 
Demain Salamanca, encore un petit bijou à découvrir. 
Nous sommes à mi-chemin, Santiago n’est plus qu’à 498 km ! 
Portez-vous bien. 
Gracias à la vida 

• Mercredi 23 Novembre : San Pedro – Salamanca : 23 km
 Oh là là quelle journée ! 
5h45 ce matin, je suis réveillé. Impossible de dormir plus longtemps dans cette auberge non chauffée. J’en profite pour terminer à la lueur de ma frontale le livre que j’ai amené : « Manuel des héros ordinaires, la voie des bodhisattva » dans lequel Lama Jigmé Rinpoché nous présente des êtres ordinaires qui choisissent de se développer en pratiquant la bienveillance et la compassion. Leur attitude peut se résumer en 6 entraînements : la générosité (être avant tout au service des autres), l’attitude éthique (ne pas commettre d’actes néfastes), la patience (affronter les difficultés sans jamais abandonner), la méditation, l’effort joyeux (accomplir avec enthousiasme ce qui est bénéfique aux autres). 
Le livre fini, je me lève, place aux travaux pratiques. Jean François, pèlerin comme moi s’est tordu le genou hier et Isidor a trouvé une genouillère à l’auberge qu’il lui a gentiment offerte. Je propose un soin à JF, car il arrive que mes mains soignent. Quand il m’expose son genou, c’est une de mes 2 genouillères que j’avais mises à sécher que je découvre ! Je lui fais le soin en me demandant si je vais lui dire ou pas, il a mal et en a besoin pour faire les 25 km qui nous attendent. Après quelques hésitations je finis par lui dire, il me rend la seconde et je lui propose de garder la première, je peux faire sans. Plus tard j’entends Isodor lui dire, mais si je te l’ai offerte moi, à présent elle t’appartient ! Je ris jaune et mesure le chemin qu’il me reste à accomplir pour devenir ce bodhisattva !
Nous avons Rdv à 8 h au bar pour le petit déjeuner. 8h05 le bar est fermé et il pleut. Mes camarades s’impatientent et quittent les lieux, ils ont choisi de longer la grande route aujourd’hui. Moi je préfère les chemins de terre même s’ils sont boueux. 
Je pars de mon côté et eux du leur. Arrivé au village suivant je me dirige vers le premier bar, fermé, puis le deuxième fermé, il est 9h30 il fait froid, il pleut et je n’ai rien mangé ce matin. J’attends devant le second bar et là une fenêtre s’ouvre juste en face du bar. Une dame m’explique qu’il est fermé, je lui demande si elle s’est ou je peux prendre un café, elle me répond bougez pas je vous prépare un bon petit-déjeuner, installez-vous à l’abri sur la terrasse couverte du bar. Dix minutes plus tard, elle arrive avec un café au lait chaud, des tartines grillées, du beurre de la confiture maison et un large sourire. Je ne sais comment la remercier. Je déjeune à l’abri tandis qu’il pleut averse dehors. Le déjeuner terminé je décide de lui écrire un petit mot en lui laissant la médaille de la vierge du Puy en Velay et quelques pièces de monnaie. Elle se présente à moi tandis que je m’apprête à partir, me remercie pour la médaille et me rend mon argent. 
Je reprends mon chemin et je sens une présence joyeuse qui m’entoure : Raphaël, Batiste et son grand père Yves, qui fut un second père pour moi, il y a même Cathou, une amie sarladaise partie trop vite ce printemps. 
Le plus hardi du groupe se lance, c’est Raphaël : « Tu ne croyais tout de même pas qu’on allait te laisser marcher le ventre vide ! », les autres acquiescent ! « On est content de te retrouver enfin »
Faut dire que ces derniers jours, cherchant à acheter ma place dans ce groupe, je me suis un peu oublié, me forçant parfois (souvent) à faire comme les autres… 
Là je retrouve ma liberté, je prends le temps de contempler la façon dont les mamans vaches s’occupent de leurs petits. Il pleut mais je suis bien sous la pluie, mes compagnons de l’invisible marchent avec moi. 
Un peu plus tard, je rencontre Clément, 25 ans, parti de Berlin sur son vélo au mois d’avril, il revient de Santiago et se dirige tout comme Fleur hier vers le sud. A ma question « Qu’est-ce que ce chemin t’a le plus apporté ? » Il me répond : « Ici, je découvre que je peux accueillir et laisser venir mes émotions ». Nous restons ensemble un bon moment, je ne me sens plus tenu d’arriver à l’auberge avant 14h, pour aller déjeuner le menu du pèlerin avec mes petits camarades pélerins. J’ai retrouvé ma liberté et c’est bon. Je mesure au travers de cette expérience combien de fois par antidote à la solitude, j’ai pu acheter mon intégration dans le groupe. Aujourd’hui j’accueille ma solitude, c’est une douce compagne qui me permet de me sentir tellement proche de celles et ceux qui nous ont quittés. Mes pas sont joyeux et je découvre Salamanque avec émerveillement, une cité extraordinaire de dentelle de pierres taillées que je prendrai plaisir à arpenter demain, car je fais escale pour 2 nuits ici. 
Isidor est rentré chez lui ce midi, JF continue de son côté demain matin en faisant une partie en bus, l’autre à pied. 
Gracias à la vida

• Jeudi 24 Novembre : Salamanca- Salamanca
Journée culturelle aujourd’hui, il y’a temps à voir à Salamanca.

Première visite aux cathédrales de Salamanque. Elles sont 2 côte à côte et source d’inspiration, jugez plutôt : 

Le temps des cathédrales

Une lecture métaphorique de notre humanité nous révèle que nous sommes le fruit de 3 temps et que les 3 nous sont nécessaires. 
Le premier, c’est le temps Historique, celui des événements, de nos héros présents ou passés car nous avons besoin de nous situer par rapport aux autres et au monde qui nous entoure. C’est le temps des médias qui nous distillent des informations en continue. 
Le second est notre temps Biographique, il démarre avec notre naissance et finit à notre mort, il nous fait passer d’enfants à adultes, parfois parents, puis grands parents. C’est le temps où nous éprouvons parfois de la joie, de la tristesse, de la colère ou de la paix…
Le troisième se définit comme le Temps transcendental, c’est le plus compliqué à définir et à trouver parce que quand on pense l’avoir trouvé il nous file entre les doigts. Il requiert entraînement, effort, isolement du bruit ambiant. Il nous est indispensable car lui seul nous connecte au mystère de la vie et nous fait comprendre que nous ne sommes qu’une infinie partie de cet univers infini. 
Les cathédrales sont ces 3 temps. Car elles sont vivantes, présentes, passées et futures. Elles sont silence, lumière, abri protecteur quand il pleut ou qu’il fait froid, elles sont musique. Elles sont maison de Dieu pour les hommes. 

Après ce long moment passé dans cette maison de Dieu pour les hommes, mes pas m’ont amené vers l’antique Université de Salamanque, qui fut l’une des plus réputées d’Europe. 
Puis au hasard des ruelles, je me suis retrouvé dans un amphithéâtre entouré d’étudiants qui présentaient leur projet à un concours pour sélectionner les actions les plus prometteuses pour un monde durable. Il était question de soutenabilité, de lutte contre le réchauffement climatique, de séquestration du carbone, de réduction des inégalités dans le monde. Un des projets qui m’a le plus marqué était portée par une jeune étudiante qui proposait d’aller dans les campagnes autour de Salamanque pour collecter toutes les façons de faire ancestrales qu’on considérerait aujourd’hui comme durables, respectueuses des Ecosysteme…, c’est tellement plein de bon sens ce qu’elle proposait et ça m’a fait chaud au cœur de voir qu’ici comme ailleurs des étudiants se mobilisent pour faire changer les choses. 
Ce soir il y avait un débat sur un autre thème : concertation publique : démocratie ou manipulation. J’aurais aimé y aller mais ma vie de pèlerin m’amène à faire des choix car une grosse étape m’attend demain. 
Je garderai un souvenir ému de cette ville où l’ancien et le moderne cohabitent avec beaucoup de grâce et de beauté.
Gracias à la vida et merci pour vos messages qui m’encouragent et m’accompagnent

• Vendredi 25 Novembre : Salamanca – El Cubo de la Sierra des Vino : 35 km
6h45 ce matin, Vincente l’hospitalier de l’auberge de Salamanque est déjà dans la cuisine, occupé à me préparer un café et des tartines grillées. C’est comme un père qui veille et anticipe pour nous faciliter le chemin. 
Nous échangeons sur les chemins qu’il a fait, son engagement à Calcutta auprès de Mère Theresa et je quitte l’auberge vers 8h. 
Un peu plus loin 4 jeunes étudiantes m’interpellent dans la rue : « Are you going to Compostelle ? » Nous échangeons quelques mots, bien qu’ayant marche déjà quelques jours sur le chemin, elles ne s’imaginent pas partir 1 mois et demi seules. Elles sont étudiantes en psychologie et la vie à Salamanque leur plaît beaucoup. 
La sortie de Salamanque est comparable à toutes ces sorties de grandes villes, c’est des km de faubourg avant de retrouver la campagne. Une vaste plaine qu’on appelle Meseta et qui s’étend à perte de vue. Aujourd’hui, le chemin joue à cache-cache en longeant la plupart du temps l’autoroute. 
J’avale mes 35 km en méditant au rythme de mes bâtons qui frappent le sol à intervalle régulier. 
A 17h15, j’arrive enfin à l’auberge où un repas chaud m’attend dans quelques instants. 
Gracias à la vida

• Samedi 26 Novembre : El Cubo de la Tierra del Vino – Zamora : 32 km
Plus facile de vous parler des jolies étudiantes admiratives devant ces Km parcourus par ce pèlerin français que des vrais sujets ! 
Pour tout vous dire je suis arrivé épuisé après ces 35 km hier avec une très forte douleur qui allait du coup de pied gauche jusqu’au genou. Et de suite mon ami le mental m’a scénarisé le meilleur film possible : fini le chemin, dans 48h tu seras à la maison à SARLAT ! 
Un jour après je suis toujours là et en pleine forme malgré les 32 km parcourus aujourd’hui. 
Certes il y a la poche de glace que j’ai mis hier au soir, le massage avec des huiles essentielles et le soin à distance de mon amie Catherine, mais il y a surtout cette prise de conscience qui s’est opérée en marchant. C’est comme si nos maux étaient là pour mettre en mots ce qui est là mais dont nous n’avons pas conscience. 

Cette année, lors d’une formation j’ai rencontré Martine Compagnon, un patronyme qui lui va à ravir, elle est coach et conteuse et s’est beaucoup intéressé à une méthode d’accompagnement qui s’appelle les pratiques narratives. Pour résumer son apport, Martine nous dit que chacun de nous sommes le fruit à la fois de ce qu’on dit de nous et de ce que nous même racontons sur nous. C’est comme si nous avions plein de vêtements dans notre garde-robe, mais on choisit toujours le même ! Si j’ai l’étiquette du mal adroit, je prendrai tous les jours cette étiquette et me battrais quotidiennement avec ma maladresse. Vous voyez le truc ! 
Personnellement, j’ai découvert que la veste que je choisi tous les matins dans ma garde-robe est celle de l’imprévoyant, celui qui ne prévoit pas assez, n’anticipe pas suffisamment. Alors pour me corriger de ce que je pense être un défaut, j’emploie les grands moyens. Jugez plutôt ! 
Ayant eu les pieds mouillés il y a une semaine, je me suis commandé des chaussettes imperméables que j’ai fait livrer à Salamanque, non pas une paire, mes deux ! Me voilà donc avec 4 paires de chaussettes. J’ai aussi acheté une bombe d’imperméabilisant que je trimballe depuis 8 jours sans savoir si elle est efficace pour mes chaussures. Ayant failli manquer de nourriture à 2 reprises, je suis parti de Salamanque hier avec dans mon sac 3 bananes, 3 poires, 1 clémentine, 1 kaki, quelques tranches de saumon, 250 g de fromage, 2 boites de conserves de poissons, 1 pochette de galettes Walsa juste entamée, 1 paquet de galette de riz, 10 barres de céréales, alors qu’il me restait encore quelques amandes amenées de Sarlat… Ajoutons à cela que comme j’ai failli manquer d’eau un matin, j’ai rempli ma réserve de 2 litres totalement, alors que je savais qu’il y avait un village à 15 km et que je ne boirais pas ces 2 litres sur ces premiers km. Je peux rajouter à cela les 2 boites de pansements, la petite fiole de bétadine… Et que dire des vêtements en trop que j’ai emporté. 
Bien sur chaque chose pris isolément ne pèse pas grand-chose, mais le tout cumulé fait qu’hier au soir j’étais épuisé par tant de charge. 
Je sais par ailleurs que le sac d’un pèlerin ne doit pas dépasser 10% du poids de son corps, soit 7,5 kg me concernant. Je peux aussi vous faire un beau discours sur la symbolique de la surcharge du sac qui parle de tout ce que l’on trimballe dans notre vie et que nous avons besoin de laisser partir. 
Tout ça je le sais, mais tant que je n’ai pas conscience de la veste que j’enfile tous les matins, rien ne changera. 
Alors ce matin, j’ai décidé de revêtir la veste de la confiance. J’ai laissé ma bombe d’imperméabilisant à l’auberge, j’ai rempli à moitié ma poche d’eau en observant les points sur la carte ou je passais, j’ai décidé de ne rien acheter de plus tant que je n’aurais pas mangé ce que je porte sur le dos. 
Et puis comment accueillir la providence dans ma vie, si je cherche en permanence la parade à tout ce qui pourrait éventuellement m’arriver. Isabella n’aurait pas pu m’amener ses lentilles si mon sac était plein, la dame de l’autre jour n’aurait pas pu m’offrir ce somptueux petit déjeuner, Isidor n’aurait pas pu me soigner mon ampoule. Je serai passer à côté de tant de belles rencontres si j’avais cherché à tout prévoir !
Ce maux d’hier est parti ce matin, il était là pour m’aider à changer de veste !
Amis lecteurs, quelles sont vos vestes préférées, celles que vous enfilez sans le savoir tous les matins ? 

Ma marche aujourd’hui a été légère et joyeuse, plus j’avance, plus je résiste à l’envie de tout prendre en photos. Pour la première fois, j’ai osé m’assoir au zinc dans un bar et non pas sur une table seule dans mon coin. Et après de bons échanges, un client du bar m’a offert le café. Plus loin j’ai rencontré et échangé dans la rue avec des argentins qui m’ont fait goûter le maté qu’ils dégustaient. Je viens d’arriver dans une auberge ou les hospitalières sont italienne et argentine et suis en compagnie d’un couple de québécois qui après 7 chemins parcourus sont hospitaliers ici en Espagne un mois et demi par an. Déjà de beaux échanges et encore de très belles rencontres. 
Gracias à la vida 

• Mercredi 30 Novembre : Tamara – Olleros de Tera: 35 km
Ce soir je me suis offert une casa rural avec une chambre chaude et une machine à laver pour 25€. Quelques soient ses revenus, le pèlerin a toujours tendance à choisir les hébergements les moins chers, que ce soit en France ou en Espagne. Et faut dire qu’en Espagne à 6€ la nuit, c’est dur d’être concurrentiel quand on est un hébergeur privé. 
J’ai marché plusieurs jours depuis mon dernier post et ces journées ont été marquées par un chemin intérieur de réconciliation. Non pas que je sois en guerre avec qui que ce soit, mais cette marche m’amène clarté et envie de réconciliation avec celles et ceux avec qui les relations ont pu être difficiles. J’ai donc pris ma plus belle plume pour leur écrire ce que m’inspirait ce chemin…
Vous vous rappelez de mon histoire de veste ! 
Figurez-vous que j’ai cheminé durant 3 jours environ avec un adorable couple de québécois, 41 ans de vie commune et toujours autant de tendresse. Ils respiraient l’amour et c’était beau à voir. 
Un matin au petit déjeuner, je leur prépare la surprise d’une table dressée avec dosettes de café, barres de céréales, fruits secs et ils arrivent à table en me disant tous les 2 : tu es quelqu’un de drôlement prévoyant ! Avoir tout ça avec toi dans ton sac, tu anticipes bien les choses…
Pour Martine Compagnon, ce qui nous fait changer de veste, c’est justement d’avoir des témoins qui nous disent, preuve à l’appui que nous ne sommes pas ce à quoi nous nous sommes identifiés. Étrange coïncidence ! 

Hier matin, j’ai quitté la Via de la Plata, pour prendre le chemin Sanabres. Les chemins sont comme des rivières ou des fleuves, ils se jettent les uns dans les autres ou donnent naissance à des affluents. Le Sanabres est un de ces affluents qui quitte la via de la Plata qui elle-même se jette un peu plus haut dans le fameux Camino Frances emprunté chaque année par plus de 200 000 pèlerins. 
Les villages traversés sont de moins en moins peuplés et de plus en plus pauvres, le ciel est chargé de nuages avec quelques journées ensoleillés mais froides. Le plus difficile reste la nuit dans les auberges municipales où je compte les heures en attendant le lever du soleil qui me permettra de me réchauffer un peu en marchant. Pour autant oserais-je me plaindre, moi qui marche pour mon seul plaisir, quand tant d’autres le font par obligation. Je pense à ces réfugiés qui fuient les guerres, les famines, les conséquences du réchauffement climatique. A l’inverse de moi, ils n’ont souvent pas de quoi s’offrir une auberge ou un repas chaud tous les jours. 
Hier je me suis arrêté dans un « donativo ». Un « donativo » est une auberge qui fonctionne suivant le principe du don, chacun est invité à payer en conscience en fonction de ses moyens et de ce qui lui semble juste au regard de la prestation fournie. De nos jours, que ce soit en France ou en Espagne, beaucoup de pèlerins confondent « donativo » et gratuité et le nombre de « donativo » diminuent d’années en années. 
J’ai donc été accueilli par José qui après m’avoir expliqué les quelques règles de la maison et offert un thé que je n’ai pas eu le temps de finir m’a amené au dortoir, une pièce non chauffée dans laquelle un minuscule radiateur tentait d’offrir ce qu’il pouvait de chaleur dans un rayon de 50 cm. Rdv pour le dîner à 20h. Accueil plutôt mitigé, je voyais déjà mon mental aux commandes, à classer, à juger…, tu n’as même pas pu finir ton thé, tu lui as demandé pour laver ton linge et il t’a envoyé le laver dehors alors qu’il a une machine à laver …. 
19h30, il vient frapper à ma porte, le repas est prêt. J’entre dans la salle sur l’air du boléro de Ravel. Je découvre une table dressée avec un seul couvert. Il va me regarder manger. Il me sert une soupe castillane préparée maison, que je termine en faisant « chabro », puis un ragoût de champignon et légumes délicieux. 
A la fin du repas, il m’amène ses livres et je découvre qu’il a publié pas loin de 10 ouvrages sur les chemins de Compostelle et des recueils de photo de lever de soleil agrémenté de citations dont il a le secret. Ce matin, je voulais prendre en photos quelques-unes de ses photos dans un de ses livres et je n’ai pas osées. Une fois dehors, un magnifique lever de soleil m’attendait . Je le quitte après lui avoir commandé 3 recueils de photos et je laisse 30€ dans la petite boîte pour que vivent les « donativo » ! 
Gracias à la vida

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    Mon pélerinage de Cordoue à Saint Jacques de Compostelle du 3 novembre 2022 au 15 décembre 2022 - Camino mozarabe...

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